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http://pmcdn.priceminister.com/photo/litterature-et-politique-en-corse-de-jean-guy-talamoni-956940143_ML.jpg 

 


" Que les auteurs soient engagés ou non, que les temps soient à la la paix ou à au conflit, aucun écrit n'échappe à son contexte.Toute littérature, parce qu'elle participe à la vie de la cité, est un
indicateur de premier choix sur les courants de pensée qui traversent habituellement les sociétés. Elle procède, par évidence, du politique...
Suivant ce fil rouge qui lui est cher, l'auteur est remonté aux sources de l'imaginaire national corse et, pour en tracer les contours, a interrogé l'histoire littéraire insulaire. Depuis la
"giustificazione" du père Salvini au XVIIIe siècle-pour servir à la défense des Corses face aux génois devant les cours européennes notamment- jusqu'aux romans des auteurs de l'entre-deux-guerres
et au delà, il montre, à travers la présente étude, combien les figures de cet imaginaire sont prégnantes et opérantes."

 

http://www.lartvues.com/wp-content/uploads/2013/11/talamoni-photo-livre-credit.jpg


Ce travail fouillé et minutieux issu d'une thèse universitaire a pour principal objet de mettre en évidence les "invariants" qui constituent l'imaginaire national et donc l'identité corse ( bien que l'auteur, hostile aux thèses essentialistes, récuse ce terme ). 
Jean-Guy Talamoni s'attache à déconstruire au travers de cette étude certains clichés sur les Corses, véhiculés par les auteurs étrangers ou Corses vivant à l'extèrieur de l'ile parfois intériorisés par les insulaires eux-mêmes : ceux liés au culte des armes et des "bandits".
Le champs littéraire corse distingue l'emploi des armes à usage privé ( vengeance ), condamné, de celui à usage politique et collectif, encensé et célébré. De même, la figure du Bandit, craint mais méprisé, n'est pas confondue avec celle du Rebelle, porteur des idéaux et valeurs patriotiques.
Mais le fil rouge qui traverse la littérature politique, l'affirmation et la revendication politique corse est sans conteste une " Révolte contre le Monde Moderne", un rejet instinctif des valeurs bourgeoises et du monde marchand incarnés tant par Gènes ( l'abbé Salvini qualifie les Génois de "race d'épiciers" ) que par la République Française, son culte de l'Egalité, et sa volonté d'éradication des cultures  et religions traditionnelles.
Cette hostilité au libéralisme sous toutes ses formes se traduira notamment dans la littérature du "primu riacquistu" par un antiparlementarisme véhiculé par les journaux A TRAMUNTANA  puis A MUVRA ,mais aussi par la quasi absence de littérature érotique ou "légère" en langue corse jusqu'à ces dernières années.Le thème de la décadence morale et culturelle véhiculée par la France est également omniprésent chez les écrivains et journalistes corsistes.
La revendication nationale Corse, de la "giustificazione" à l'époque contemporaine, se caractérise donc par un antagonisme entre un peuple d'extraction guerrière ( l'auteur distingue opportunément le guerrier du militaire ) et paysanne, et des puissances coloniales liées à l'hégémonie du monde de l'Argent .


Les invariants de " l'imaginaire national" corse, mis en lumière par Mr Talamoni excluent donc, dans le champ économico-social, tout développement fondé sur le tourisme ou le commerce, et, au niveau politique, toute intégration dans le camp occidental et capitaliste.  

Telle est , au XVIIIe comme au XXIe siècle , la principale "giustificazione di a Rivoluzione di Corsica "


 


A Squadra


 


"Littérature et politique en Corse" Jean-Guy Talamoni ed Albiana 2013


 

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