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 "Le Choc des Civilisations", maitre-ouvrage du professeur de sciences politiques américain Samuel P.Huntington est   souvent cité mais certainement peu lu, y compris parmi les milieux politisés. Son étude ne manque pas de susciter réflexions et conclusions ayant trait à une "géopolitique corse", confrontant les mécanismes intellectuels de l'auteur et ceux d'une mouvance nationale prétendant s'extirper du campanilisme et de la folklorisation pour accéder au statut de sujet politique véritable. Le discours nationaliste habituel se bornant à "'inscrire la Corse dans un environnement méditerranéen" , partie intégrante "d'une Union Européenne démocratique et sociale".

 

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Prophétisé dès 1993, soit quatre années après la chute du Mur de Berlin, le concept de Choc des Civilisations a quasiment été accouché artificiellement par les conceptions binaires, américanisées ( les "bons" contre les " méchants" ) et intériorisées par les masses demeurant sous contrôle du Système. Il vise à favoriser l'identification à leur maitre des populations colonisées par les Etats-Unis.

La logique édictée par ce livre, c'est à dire par l'idéologie dominante actuelle, voudrait que la Corse se retrouve dans le camp "occidental", englobant l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Amérique du Sud ( cette dernière en position de "sous civilisation" de l'Occident ), les Chrétiens Orthodoxes faisant partie d'un autre bloc comprenant la Russie et une partie des Balkans. L'Islam constituerait une autre Civilisation, antagoniste à l'Occident. Ce schéma est celui du Traité Transatlantique. Il est refusé par les tenants d'une Europe libre, puissante, intégrée en son sommet, tournée vers l'Eurasie et régie par des conceptions non matérialistes.

 

Mais l'approche corse de la politique et de l'économie n'a que peu de rapport avec celles des Etats-Unis et de son appendice, l'Union Européenne. Si l'on suit la logique d'Huntington, la Corse, au sein de cette "civilisation géopolitique", ne pourrait trouver d'alliés que dans  l'un ses sous-groupes dominés et "instables" : L' Amérique latine . C'est par ces contrées qu'ont été conservées la virilisation de la politique et une approche socio-économique traditionnelle ( ibérique et catholique ) en accord avec notre réalité .

Le principal avantage de cette orientation est l'importance de la diaspora corse qui s'y trouve, faisant partie des classes moyennes et supérieures. Le rôle d'une Corse nationale, accomplie ou en devenir incarnée par sa fraction consciente, serait de devenir un trait d'union entre ce monde-là et l'Europe. Sans pour autant se placer en concurrence avec l'Espagne, la Corse pourrait jouer le jeu qu'a refusé l'Italie dans les années 60.

Si l'on conçoit ce rôle dans l'intérêt d'une régénération politique européenne et dans le cadre général du Catholicisme et du Vatican ( lui-même "régénéré" ), et non, comme l'entendait Huntington pour "civiliser" les sud-américains, la Corse se créerait une profondeur stratégique qu'elle n'a jamais connue.

Cette puissance économique et politique en gestation, sous tendue par le Catholicisme et son refus du règne de l'Argent, ouvre les portes de l'Europe aux conceptions civilisationnelles Traditionnelles, anti-capitalistes. Elle décuplera leur force par un effet mécanique bien connu des historiens.

 

 

               Militants péronistes argentins.Les différentes formes de national-populismes anti-occidentaux d'Amérique Latine, sources d'inspiration et soutiens politiques potentiels pour une Révolution Corse.

 

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Malheureusement, Huntington semble avoir inspiré très largement les généraux russes. Après la partition de l'Ukraine et un éventuel rapprochement des Balkans orthodoxes avec la C.E.I., les frontières de l'Europe "américaine" seront définitivement dessinées. Il est évidemment illusoire d'espérer jouer un quelconque rôle géopolitique dans cette opposition Est-Ouest. Au mieux les Corses pourront contribuer à soutenir la politique russe de déstabilisation des valeurs occidentales en Europe ( premier devoir de tous les Nationalistes ); au pire ils participeront, en cas d'insoumission française, à des contre-révolutions colorées orchestrées par les officines yankees et leurs supplétifs gauchistes, pour protéger une zone OTAN menacée par les "fascistes" français.

 

Coopération et soutien à la Russie nouvelle restent de rigueur, mais il est désormais de plus en plus clair que l'on ne pourra y trouver qu'un intérêt partiel devant être englobé dans une stratégie plus large.

Une des options dans la recherche d'un allié proche est de se tourner vers l'Afrique du Nord, l'Algérie en particulier. La ligne Front polisario-Alger-Corse-Sardaigne devenant pour la Russie une position importante pour enrouler l'Europe et atteindre l'Atlantique par le sud, tout en constituant un soutien fort des kadhafistes libyens dans la perspective de l'assèchement des voies d'immigration d'Afrique Noire.  L'on rappellera que dès sa création , le FLNC avait envoyé des émissaires à Alger, qui avait proposé de mettre en place un "bureau" de la Corse en lutte.

 

Etre à cheval sur plusieurs mondes est un avantage, mais cette option méditerranéenne n'est pas dans le manuel d'Huntington...

 

                                 Le refus d'une Corse "occidentale"  ligne de force d'une géopolitique nationaliste...

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Faire des choix géopolitiques n'est  une sinécure pour aucun pays car l'évolution rapide du monde, l'implication des populations et les flux de communications peuvent retourner ses calculs contre lui. Ce qu'il croyait être un point d'équilibre devient une révolution en quelques semaines.

C'est uniquement par un travail autonome, que nous pourrons sortir de ce conditionnement nous enfermant dans un camp occidental qui en réalité constitue l'ennemi principal, et par là même, participer à l'avènement d'une Europe souveraine.

A ce jeu-là , seul compte l'intérêt de son peuple, au-delà des idéologies et des pseudo-morales. De sa capacité à se projeter dans l'avenir dépend sa survie.

 

A Squadra

 

 

 

 

 

 

 

 

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